Vous avez deux petites filles !

 Les mots de la bonne sœur résonnent encore à mes oreilles, comme si nous étions encore le 31 juillet 1986. Un des plus beaux jours de ma vie. Je dis "ma" vie car ma pauvre épouse dut être délivrée par césarienne (coupure verticale), sous anesthésie générale. Elle était à demi-consciente. Elle souffrait. Elle  avait froid sous la canicule. C'est ainsi que Fiona sortit la première, à 11.00. Un petit machin minuscule, tout bouclé. Maureen suivit deux minutes plus tard, les cheveux noirs et raide, et à peine plus "potelée". Mis à part le pauvre Stefan, jamais je n'avais vu de bébés aussi minuscules. Les chiffres me donnnèrent raison : Fiona pesait le poids respectable de 1kg et 640 grammes, pour la taille gigantesque de 40cm; Pour Maureen, c'était 42 cm, pour un poids éléphantesque de 2 kilos tous ronds. Si vous voulez voir ce que ça donne, regardez les photos ci-dessous. Ce sont des Polaroïd de Fiona et de Maureen à deux jours.  Les mains que vous voyez sont les miennes. Je précise que pour un homme, j'ai d'assez petites mains...

 

Fiona

Maureen

 

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Au Centre néo-natal

A la_maison, les petits monstres!

Heureusement, ça_grandit

En age d'école

 


Au Centre Néo-natal

 

Il est bien évident que deux lilliputiennes durent passer un bon mois au Centre Neo-Natal de l'Hôpital de Rocourt, où elles recurent les meilleurs soins, par une équipe particulièrement dévouée et compétente, comme on en aimerait voir plus souvent de nos jours

Moins robuste que sa sœur, Fiona dut rester plus longtemps en couveuse, mais comme on peut le constater, elle avait l'air de prendre la chose avec le sourire.

Sa sœur Maureen eut tôt fait de troquer sa boîte de conserve contre un petit lit bien douillet.

Et enfin, pour la première fois, mon épouse, pas encore tout à fait rétablie, put prendre ses deux enfants, deux enfants vivants, dans ses bras.

 Nous leur rendions visite à peu près tous les soirs, et pendant ce temps-là, nous ne restions pas inactifs. Nous donnions le biberons, changions les langes (moi, j'ai bien observé comment faisaient les infirmières). Pour les images, nous nous contenterons des biberons...

Carmen sous le regard noir de Maureen

Votre serviteur, avec quelques années de moins, aux prises avec Fiona

 

 

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A la maison, les petits monstres!

Les premiers jours à la maison furent proprement infernaux : un nourrisson, cela demande bien des soins et de l'attention, mais deux ! D'un coup ! Et pas des clientes faciles (Maureen, malgré la taille minuscule de ses poumons, aurait pu servir de sirène à la centrale atomique de Tihange! Comme à l'époque, nous travaillions tous les deux à l'extérieur, nous avions pu les placer dans la crèche de notre commune (Ans), où elles furent magnifiquement suivies. Mais les nuits ! Je devins vite un expert en changement de couches et talcage de pépètes. Et je suis persuadé que même actuellement, après plus de seize ans d'inactivité dans ce domaine, je pourrais encore en remontrer à pas mal de mômans. C'est comme la bicyclette, ça ne s'oublie pas...

Fiona (à gauche) et Maureen (à droite) dans un parc qui allait bientôt devenir trop petit pour elles

Ici, c'est l'inverse

Maureen et ses mimiques d'enfer

Elle est bonne, la pantoufle, Fiona?

Sans faire de pub, la petite voiture que je possédais alors avait la particularité d'avoir un l'assise du siège arrière rehaussable, pouvant former une espèce de hamac confortable.

Votre attention, svp !!!

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Heureusement, ça grandit

Au fur et à mesure de leur croissance, nos filles devinrent de petits êtres extrêment agréables, et je dois dire que j'étais fier d'elle. Autant elles étaient difficiles en tant que nourrissons, autant elles s'avéraient être gentilles, vives et de plus en plus agréables à vivre, sans que nous ayons beaucoup d'efforts à faire.

Qu'on m'excuse d'avoir accumulé autant de photos sur cette page. C'est le seul endroit où j'en aurai l'occasion : la même loi de 1999 interdit de montrer le visage d'un mineur dans son entier s'il est reconnaissable. Alors j'en profite. Pour que Fiona et Maureen ne soient pas que des noms (faux en plus) mais aussi des frimousses, de charmants bambins. Après, je devrai masquer une partie du visage (un trait noir sur les yeux, un minimum) dès que leur visage se rapprochera de leurs traits actuels. Aussi, les photos deviendront plus rares, pour ainsi dire inexistantes, dans le reste du site.

Maureen (assise) et Fiona en voiture (13 mois)

Coucou papa, c'est Fiona !(13 mois)

Maureen, 3 ans, maquillée par sa maman pour le carnaval

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En âge d'école

Et voici l'une des premières photos masquées du site : elles avaient six ans et entraient dans la grande école. Nos deux filles eurent une scolarité tout à fait normale : la crèche les avait habituées très tôt à vivre avec d'autres enfants. A l'école primaire, Maureen gardait son côté insouciant et joueur qui, au début, nous obligèrent à sévir pour qu'elle consente à  apprendre à écrire. Nous n'avons pas eu ce problème avec notre blondinette de Fiona qui s'avéra plus docile, et plus intéressée par l'école. Mais pour finir,  leurs résultats à toutes les deux les classaient dans la catégorie des bonnes élèves (80%) et plus.

Déjà à l'époque, Maureen était plus sociable, Fiona plus réservée, un peu plus timide, et avait déjà tendance à s'esseuler parfois pour des activités solitaires telles que le dessin et la lecture.  Ce qui ne l'empêchait nullement, le moment venu, de jouer avec les petits copains de la rue (c'est un cul-de-sac et la circulation y est très limitée), et de l'école. Mais dans la plupart des cas, elle laissait à sa sœur le soin de nouer les contacts. Je crains que cette légère timidité, comme son vertige et son léger daltonisme, elle les tient de son crétin de père. Une autre tare que je lui ai léguée, c'est le goût de l'écriture.

  Mais ce que personne n'avait prévu, c'était que Fiona allait "devenir jeune fille" à moins de 10 ans, en pleine "classes vertes", à la stupéfaction générale. Heureusement qu'on les ait toutes les deux mises très tôt au courant des "choses de la vie". Si Fiona avait commencé son cycle menstruel, au même âge, mais dans un environnement familial, elle aurait peut-être mieux vécu l'histoire, mais on peut dire que cette puberté précoce constitua pour elle un traumatisme. Nous-mêmes, nous étions fort inquiets : il est vrai que les filles du Sud (ma femme est d'origine italienne) ont leurs menstrues beaucoup plus tôt que les filles du Nord , mais là, c'était un peu trop tôt. Outre que cela la déprimait ("Je ne suis pas comme les autres"), et qu'elle s'enfermait dans des silences inquiétants, cela l'épuisait, l'anémiait à cause de l'abondance des règles. Nous décidâmes de consulter le gynécologue qui les avait mises au monde. Pour celui-ci, il fallait interrompre momentanément le phénomène pour des raisons de problèmes de croissance. Un seul médicament, selon lui, pouvait agir, mais, comme de juste, il n'était pas remboursé par la Sécurité Sociale. Mais un collège de médecins pouvait décider d'accorder la gratuité du médicament, ce qui fut fait, avec obligation de suivi pédiatrique... et psychologique. On arrêterait le traitement vers l'âge de 14 ans et on laisserait la nature reprendre le dessus. Mis à part une légère tendance à prendre du poids, Fiona supporta assez bien le traitement, même si les visite chez la psychologue l'ennuyaient quelque peu.

La transition du primaire vers le secondaire se fit sans trop de problèmes : Fiona remporta même un prix littéraire (ce qu'en vingt ans, le père n'avait pas obtenu) le prix Juliette Léandre, si mes souvenirs sont exacts. Comme j'ai la chance d'avoir une bonne culture culture générale, j'avais acquis auprès d'elle la réputation d'avoir réponse à à peu près tout. C'est ainsi qu'un soir, à 12 ans, Fiona entra dans mon bureau et me demanda : "Dis, P'pa, c'est quoi au juste, la Relativité ?" Heureusement, sans être physicien, je connaissais les principes de base et je pus lui expliquer avec les mots les plus simples et, dans la foulée, je parvins à lui faire comprendre pourquoi une division par zéro donnait un quotient infiniment élevé. Maureen, elle, se contenta si j'ose dire, de me demander des explications sur l'évolution, sujet difficile, mais toute de même moins ardu que la corrélation entre masse et énergie.

Jusqu'à la fin du XXe siècle, je puis dire que nous avions toutes les raisons d'être fiers de nos filles. L'une était peut être plus exubérante que l'autre, mais elles avaient du charme, étaient gentilles, populaires, nous apportaient joie, amour et fort peu d'ennuis. Le rêve, quoi. Maintenant encore, avec ce que je sais et qui va être publié, je me dis que ces deux-là sont peut-être ce que j'ai fait de mieux dans ma vie. J'ignorais alors que le siècle suivant allait être celui de l'enfer.

Le siècle du chagrin     Retour en haut_de_page    Retour au sommaire