Fiona à l'auberge des Marches

Outre le séjour remarqué de Fiona dans ce Centre de Premier accueil que nous appellerons l' "Auberge des Marches", nous retracerons tous les évènements qui se sont déroulés dutant cette période : début de l'instruction, rencontre avec le SAJ et une certaine Madame GALETTE qui ment comme elle respire, notre changement d'avocat, le jugement prononcé par "moumoute", et les premières convocations de Carmen et Maureen auprès de la PJ

 

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Le mémo_de Fiona (suite)

Quelques_commentaires

Les_premiers_ jours

La mère et la sœur interdites_de_visites!

Madame_Galette_et_le SAJ

Effets_de_manche_et_ trémolos

Début_de l'instruction

Quand_les_"professionnels"_jouent_aux_flics

La_deuxième_audition_de_Fiona

 Perquisition

Khaled démasqué

Khaled, la coqueluche de l'Auberge des "Marches

Fiona agressée

 Agression ou auto-mutilation?

Carmen, la terreur de l'Auberge des "Marches"

 Une visiteuse inattendue

Changement d'avocat

Fiona nous rend visite   

L'audience du 13.11.2002 

 En route pour l'enfer !!!

 


Revenons quelques instants au mémo de Fiona

[jeudi 19.9.2003] 19.00h. J'arrive  aux Marches, les flics repartent et une éducatrice me fait visiter les lieux.

Vendredi 20.9. Il est 6.30h. Le veilleur de nuit vient me voir au coin fumeurs pour me dire que je ne vais pas à l'école aujourd'hui. Je lui bourre des craques et lui dis que j'ai eu la permission d'y aller. Il me croit et et attend les éducateurs qui arrivent à 7.30h pour que l'un d'eux m'amène à l'école. La veille au soir, j'avais convenu par GSM avec Maureen qu'on se retrouverait à 11 heures précises devant l'école et qu'lle m'amène quelques vêtements.

 De ce fait, à 8.30h j'étais devant l'école et j'ai téléphoné à Khaled (NDA: Eh oui!) pour savoir si je pouvais venir chez lui. Il avait l'air étonné (NDA : Tiens donc!) mais a tout de suite accepté.

9.30 : je suis chez Khaled et et je lui explique la situation [...] Là, je me rend compte que ça fait plus de 24h que je n'ai rien avalé, mais je n'ai pas faim.

10.15h : on court prendre le bus. Lui descend près [du Centre Culturel] des Chiroux (je ne sais pas pourquoi) (NDA : nous bien : c'est l'arrêt le plus proche de l'asbl "Secours" des Jeunes et du Service d'aide à la jeunesse...)

11.00 : Maureen arrive avec un énorme sac à dos + 1 ou deux sachets pleins.  Elle se met à pleurer et moi aussi. On va boire un verre ensemble, puis on va Place  Cathédrale. J'appelle Khaled par GSM et il vient directement et Maureen me force à manger un paquet de frites.

12.00h : Maureen part parce que mon père l'attend Place Saint-Paul. Il avait préféré ne pas venir pour ne pas nous causer d'ennuis à tous les deux (NDA : je redoutais en effet une surveillance discrète qui aurait aggravé les choses si on me surprenait en compagnie de Fiona). Je retourne chez Khaled.Arrivée chez lui, Khaled me dit qu'il doit partir (en effet, nous sommes vendredi et il doit aller à la Mosquée). Il s'en va et me dit de faire comme chez moi, et c'est ce que je fais : je prends une douche, je me change et de m'endors dans son lit (je n'avais pas dormi de la nuit).

16.00: Khaled est rentré depuis un bout de temps et me réveille en vitesse pour que je retourne aux Marches. On [...] prend le bus jusqu'au terminus. [ils ne trouvent pas tout de suite le chemin, personne ne semble connaître cet endroit, mais un facteur leur indique le chemin]

Après une demi-heure de marche, on arrive devant l'auberge et on se sépare et je rentre. Un homme qui est posté à l'entrée me demande d'où je venais, je lui réponds tout simplement "De Liège". C'était ma première rencontre avec mon premier référent, Mr  Alain BOUVIER. Arrivée dans ma chambre, deux autres éducatrices m'engueulent parce que je n'avais pas été à l'école. Je leur rétorque qu'on m'avait interdit d'y aller. Du coup, l'une des éducatrices m'engueule encore plus : "Alors, si tu ne pouvais pas aller à l'école, tu ne pouvais pas sortir non plus!" C'était ma 1ère rencontre avec mon autre référent : Madame Martine LINO.  

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Quelques commentaires  avant d'entrer dans le vif du sujet.

il peut sembler étrange que Fiona ait recherché à nouveau le contact avec son petit ami si peu scrupuleux, mais il ne faut pas oublier qu'elle avait à peine 16 ans, que c'était son premier petit ami, qu'il lui était difficile de croire qu'il lui ait monté un coup pareil, et que, dans son désarroi, elle cherchait quelqu'un à qui s'accrocher. Il nous a fallu, à nous-même, une certitude absolue de sa duplicité et ce n'est que récemment que nous avons attenté une action judiciaire contre lui (calomnie et diffamation). Les éducateurs de l'auberge des Marches clament haut et fort que ce sont des "professionnels" (j'ai pu constater que ceux qui insistent lourdement là-dessus nourrissent souvent un doute certain quant à leur compétence réelle. Ici, ce manque était flagrant, comme on le verra par la suite.) Ces "professionnels" ont un jargon : l'éducateur "référent" d'un pensionnaire de home est celui qui est chargé de suivre ledit pensionnaire, lui apporter une aide psychologique (on croit rêver !) et éventuellement prendre des décisions (sanctions, transferts,...) Fiona a eu droit à deux référents de choc : Alain BOUVIER, sous-directeur de l'Auberge (le "professionnel") et une petite jeune femme sournoise aux intentions manifestement hostiles que nous appelerons Martine LINO.

Il faut vous dire que l'Auberge des Marches est ce qu'on appelle un CPA ( Centre de Premier Accueil) dans le jargon administratif de ces pignoufs : l'accueil n'y est prévu que pour une durée ne dépassant pas quinze jours, exceptionnellement trois semaines

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Les premiers jours

 

Les premiers jours se passèrent assez mal (Fiona faisant la grève de la faim, parce qu'elle ne voulait pas rester là), puis se normalisèrent : Fiona devait passer la nuit à l'hôpital  de la Citadelle pour son électroencéphalogramme de 24h (prévu avant son rapt et que j'avais exigé dans ma déposition) et Fiona se mit à faire des plans : les téléphones portables devant être remis dès la rentrée en institution, Fiona demanda à sœur de lui amener son ancien GSM décrépit qu'elle remit, dès son retour, aux éducateur pour conserver son "vrai" GSM et pouvoir communiquer avec nous 24h/24 si elle le désirait. Idée géniale, comme on le verra par la suite.

A l'époque, j'étais - évidemment - interdit de visite, mais mon épouse et Maureen pouvaient venir la visiter de manière assez régulière. Cependant, Carmen constata qu'à chaque fois qu'elle quittait Fiona, celle-ci sombrait dans une profonde tristesse. N'importe quel imbécile pouvait comprendre cette attitude, elle voyait sa mère s'en aller seule, et elle restait derrière, comme une criminelle. Les "professionnels" de cet honorable établissement avaient un avis radicalement différent : ils savaient, eux, le sinistre complot qui se tramait derrière tout ça et étaient bien déterminés à y mettre un terme. Et, involontairement, mon épouse leur apporta des armes supplémentaires.

Le mardi 24 septembre au soir,  Carmen  rentra à la maison dans un état de désespoir total : elle était persuadée que Fiona était si désespérée après son dernier départ qu'elle allait faire une bêtise, se suicider, peut-être. Je connais assez ma femme pour savoir qu'elle n'a pas la panique facile et j'essaie de trouver une solution

En tant que scénariste, j'avais rencontré à Bruxelles un personnage assez sympathique qui s'avérait être un médecin psychiâtre. Selon mon producteur, il avait même été parfois appelé en tant qu'expert auprès des tribunaux de Nivelles. Ce médecin avait décidé de cesser progressivement d'exercer et de se consacrer plus au cinéma. Une certaine estime mutuelle était née et je crois bien que si nos relations avaient été plus régulières, nous serions devenus amis. Je lui donne un coup de fil pour qu'il contacte Fiona aux Marches, afin de déceler certains signes avant-coureurs qu'en tant que vrai "professionnel", lui, il n'aurait pas manqué de déceler. Malgré l'heure tardive, il téléphona, contacta Fiona, et nous rassura. Nous ignorions les conséquences funestes de ce coup de téléphone

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La mère et la sœur interdites de visites ( 27 septembre) !

Le lendemain matin, mon épouse reçoit un coup de fil de LINO (une des "référentes" de Fiona) lui disant que dorénavant, il n'était plus question que Carmen ou Maureen visitent ou communiquent d'une manière ou d'une autre avec Fiona ! Nous apprenons par SMS qu'on donne dorénavant des médicaments à base de benzodiazépine à accoutumance (du Lysanxia, pour commencer)à Fiona pour la tenir tranquille. Maureen tente de rappeler Fiona. Elle est refoulée sans ménagement et brutalement (bizarre pour des éducateurs "professionnels", non?)

Consulté, notre avocat du moment  rétorque que les éducateurs n'ont pas le droit de prendre une telle décision, qui est du ressort d'une décision judiciaire et conseille à ma femme de se rendre au rendez-vous fixé le vendredi 27 septembre, et en cas de refus, de l'appeler immédiatement.

Carmen s'exécute, mais comme prévu, l'accès lui est refusé, gros mots, insultes à l'appui!

Mon épouse prend son portable, appelle son avocat. Les éducateurs lui reprochent d'avoir pris un avocat et la grossièreté redouble. Calmement, Carmen tend le GSM à l'un des illuminés qui comprend qu'à l'autre bout de la ligne, on n'avait rien perdu de la conversation. Un peu gêné, l'un des "éducateurs" fait savoir à notre défenseur qu'ils ont fait statuer le juge pour que Fiona soit complètement isolée (sans document officiel ?) et que nous serions convoqués le 1er octobre pour confirmation.

Bizarre, comme procédure, non ? Pas de document officiel à mettre sous le nez de mon épouse , une notification judiciaire à caractère rétroactif ? Qui commande au juste ? Le juge ou les "professionnels" des Marches ? Notre avocat conseille toutefois à ma femme de ne pas insister, sous peine de donner des armes supplémentaires à l'adversaire (harcèlement) et obtient que Maureen soit provisoirement autorisée à converser téléphoniquement avec sa soeur. La diction et le raisonnement de cette dernière semble fortement altérés par la prise de médicaments auxquels elle n'avait JAMAIS été habituée. L'avenir (sombre) lui donnera l'occasion de s'y faire.

 Carmen rentre donc bredouille, comme prévu et, nous recevons effectivement une convocation pour nous rendre au "Tribunal" de la Jeunesse pour la date prévue, mais nous en recevons une autre, prévue pour la veille.. émanant de ce fameux SAJ qui n'a pas hésité à traiter Fiona en criminelle en appelant la police pour l'amener au tribunal.

 Retour en haut_de_page        Madame_Galette_et_le _SAJ

 


Première (et dernière) rencontre avec Madame Galette et le SAJ (30 septembre)

Nous arrivons, accompagnés de notre avocat, en compagnie d'une certaine Madame VOLTAIRE, du SAJ. Laurel et Hardy (je veux dire BOUVIER ET LINO), sont là. Une grande absence : Fiona. En attendant, je demande à mon avocat s'il n'était pas plus logique que ce soit MOI, le coupable de monstruosités, de quitter provisoirement le domicile conjugal en attendant que mon innocence soit prouvée (ce qui ne faisait pas de doute à mes yeux : j'avais l'illusion d'être en face de gens honnêtes...), et là, notre défenseur commet une erreur qui nous poussera à en changer. Il répond de manière évasive : '"On verra comment cela se déroulera", dit-il. Ce n'est pas lui qui nous nous a dit que c'était la procédure prioritaire dans un cas de ce genre, c'est un autre, plus expérimenté. Mais soyons juste : notre premier défenseur faisait son travail consciencieusement, avait une certaine expérience des cas de maltraitance, mais était encore jeune, stagiaire de surcroît. Ses confrères du barreau comprendront ce que peut signifier le statut de "stagiaire" dans un cabinet d'avocat.

Nous rencontrons enfin cette fameuse madame GALETTE, qui, si elle avait été affublée du syndrôme de Pinocchio, aurait eu un pif qui la précéderait d'au moins un kilomètre ! Elle commence par expliquer sa version de l'histoire, que Fiona avait fait des révélations graves à mon endroit (Fiona étant ventriloque et madame GNIGNO sa poupée articulée, sans doute), révélations qui lui ont fait prendre des décisions d'extrême urgence (là elle ne mentait pas) pour assurer sa protection (la protection de Fiona ou la protection de "quelqu'un d'autre", d'une association patronnée par un syndicat par exemple.?..)

Mais là où cette digne madame GALETTE bat tous les records de mensonge, c'est qu'elle ose prétendre que Fiona désirait RESTER PLACÉE ! Tous les SMS, toutes les conversations que Fiona a pu avoir avec sa mère et sa sœur, affirmaient strictement le contraire ! Madame GALETTE demande notre accord. C'est un NON sec. "La seule solution qui est bonne pour Fiona, dis-je, c'est qu'elle réintègre sa famille et, comprenant les soupçons qui pèsent sur moi, c'est MOI qui doit m'exiler. Ce serait plus logique, non ?" Ma remarque n'éveille aucun écho, ni de la part des intervenants, ni de la part... de mon avocat. Elle ne sera même pas actée.

Outre une question de pub, il y doit y avoir là une sombre question de pognon : les Centres ne vivent pas que de subsides : les allocations familiales de Fiona nous sont retirées : 2/3 pour son entretien, 1/3 sur un compte bloqué. En plus, nous devons payer l'hôtel (pardon, l'Auberge). Ma proposition, déontologiquement correcte, comportait quelques "pertes financières", et comme le budget de la Communauté Française va mal...

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Effets de manche et trémolos du juge Plâtrier(1er octobre)

Dès le lendemain, nous sommes convoqués chez ce cher Plâtrier, Carmen, mon avocat du moment et moi. La soi-disante avocate de Fiona est présente également. Le juge à choucroute  nous explique qu'après chaque visite de Carmen, Fiona était de plus en plus triste et déprimée, et c'est cela qui l'aurait (le conditionnel est de moi) décidé à étendre l'ordonnance d'interdiction de contact à Carmen et à Maureen. Il nous demande si nous avons quelque chose à déclarer, en commençant par moi. Je commence par m'excuser pour notre première entrevue, plutôt orageuse et tout à fait imprévue pour moi, puis essaye de poser, logiquement, la bonne question : "Ne croyez-vous pas, Monsieur le Juge, que ce n'est pas le fait de voir sa mère qui déprime Fiona, mais plutôt le fait de voir sa mère repartir sans elle?..." Je voulais enchaîner sur le fait que le mieux pour Fiona n'était pas d'être placée, mais de rentrer chez elle, près de sa mère et de sa sœur, et moi de partir chercher refuge ailleurs, le temps que mon innocence soit établie. Mais ce magistrat, d'une sagacité de renard ayant trop forcé sur le raisin fermenté, m'interrompt sèchement. "N'essayez pas de jouer au plus fin avec moi!" s'écrie-t-il. (J'ai failli répondre : "Je n'oserais pas : j'aurais trop peur de gagner...",) puis il se lève et, comme s'il plaidait en assise, prit un ton tremblant, chagrin et apitoyé : "Cette pauvre petite subit des pressions (snif) terrrribles (resnif), pour qu'elle rétracte ses accusations, avec Maureen qui joue au facteur (???)... Il faut que cela cesse. Fiona a demandé à rester placée" (mon avocat esquisse le geste de se lever et de montrer la copie informatique des SMS de Fiona qui affirment le contraire, puis se ravise et se rassied) "J'étends donc mon ordonnance d'interdiction de visite à la mère et à la sœur." J'essaye de répliquer, de dire à cet imbécile que nous disposions d'éléments matériels, médicaux,  prouvant mon innocence et que faire pression sur Fiona pour qu'elle rétracte (quoi au juste, je n'en savais pas grand-chose) mais du pied, mon avocat me fait signe de me taire. Carmen enchaîne sur le fait que sans que nous nous soyons consultés et en dépit du caractère soudain des évènements, nos déclarations concordaient parfaitement. "Inutile d'essayer de me faire avaler ça, vous vous êtes mis d'accord!" "Non!" réplique Carmen. "Vous vous êtes mis d'accord", répète Plâtrier, la choucroute lui tenant lieu de coiffure semblant lancer des éclairs. Carmen le regarde d'un air navré. Devant le peu de réaction de mon avocat, je veux encore essayer de raisonner cet imbécile, mais cette fois, c'est Carmen qui me fait signe, discrètement de me taire. Au bout d'un certain temps, on nous fait signer une déposition confirmant vaguement nos dires. Pendant tout ce temps, je l'observe. Chaque fois qu'il lève son regard sur moi, il a le mien rivé dans ses orbites. Il prend ça avec désinvolture mais je constate un malaise croissant. Mon opinion était faite. Ce type n'était pas droit dans ses bottes, et la petite enquête que nous ferons par après et dont le résultat figure dans L'affaire Dutroux, ceux qui en souffrent et ceux qui en profitent,  ne fera que confirmer ce qui n'était pour moi qu'une intuition. Soit c'était le roi des imbéciles, soit il cherchait à couvrir quelqu'un. A mon humble avis, les deux suppositions sont exactes, mais en ce qui concerne la deuxième, elle n'engage que moi...

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 L'instruction commence enfin (2 octobre)

Pendant que Fiona se morfondait aux "Marches", nous recevons le coup de fil d'un commissaire, que nous appellerons ROLAND pour des raisons "déontologiques". Il souhaite entendre Carmen... et Maureen, dont l'existence constitue un clou dans la chaussure du protectionnel, mais un témoin dans une affaire délicate pour un flic qui fait son boulot. Je dirai et répéterai par la suite que, paradoxalement, ce sont les flics qui, dans cette affaire, se sont montrés les moins inhumains (quoique nous savons qu'un membre de la PJ est une "taupe" au service du protectionnel. Nous connaissons son identité, car il est jeune et fait preuve d'une maladresse peu commune... Ce n'est pas un vieux renard comme Roland qui se serait laissé découvrir de la sorte)...

Le deux octobre, Maureen et Carmen sont entendus respectivement par l'Inspecteur Principal  LEROI (très jeune, et qui m'est très hostile, et qui, selon toute probabilité, renseigne l'Auberge des Marches) et par Roland, qui n'a pas d'idées préconçues et qui fait son boulot. Leroi ne tirera pas grand-chose de Maureen, qui dans cette affaire, s'avérera être ma meilleure avocate : même si, comme le prétend le "protectionnel", Fiona ne dit pas tout à Maureen, elle n'aurait pas su cacher une énormité pareille, qu'elle-même n'a jamais subi le moindre attouchement de ma part, et, surtout, que je n'ai rien d'un père autoritaire (hélàs, je suis parfois trop "papa gâteau", je l'avoue humblement, mais il est difficile d'être dur avec deux êtres qu'on aime plus que sa vie), et que les sanctions viendraient surtout de sa mère. Elle est pas commode, Carmen (voir la conclusion de sa version non expurgée des évènements du 19.9.2002)

Quant à, l'audition de ma femme, si elle se fait dans une atmosphère détendue, elle ne se passe pas exactement comme la police le pensait : Carmen reste calme sur ses positions, accuse le "Secours" des Jeunes d'avoir monté le dossier de toutes pièces, vraisemblement suite à une délation (du petit ami ou de quelqu'un se faisant passer pour tel), que le dossier "jeunesse", que nous avions consulté, fourmille de contradictions, qu'elle cite en bloc, d'affirmations fausses aisément vérifiables et que de ce fait toute cette affaire ne repose que sur du vent. Chose étrange, si Maureen n'a aucune difficulté à recevoir copie gratuite de son audition, il n'en va pas de même pour Carmen, qui devra demander ladite copie à la Juge d'Instruction. Bizarre, non?

Nous apprenons que Fiona a déjà été entendu par Roland, mais que l'entretien s'était déroulé dans un mutisme quasi complet dans le chef de Fiona, si ce n'est que c'est bien son petit ami Khaled qui se serait présenté de sa propre initiative au Droit des Jeunes, sans la consulter. Quand on lui parle de bleus, elle dit que c'est suite à ses chutes répétées due à une anomalie nerveuse (j'ai déjà, parlé à, plusieurs reprises des deux gros hématomes à la pommette, consécutive à des chutes  dont nous fûmes les témoins). J'ai appris par la suite que les autres bleus n'étaient PAS dus à des chutes, mais bien à de la maltraitance... maltraitance qui n'était pas de mon fait. Nous y reviendrons. Toutefois, le commissaire avertit Carmen que Fiona demandait à être réentendue. Ma femme ne bronche pas et lui dit qu'il a bien de la chance : il la voit plus souvent qu'elle-même peut la voir...

Sans vouloir passer du coq à l'âne, l'imbécillité manifeste de la décision de ce cher Plâtrier de priver Fiona de la présence de Maureen tient au fait qu'à l'époque, Fiona était encore scolarisée dans la même école, et fréquentait la même classe que sa sœur.  C'est à cette occasion que Fiona fait savoir à Maureen qu'elle a toujours refusé d'accréditer la plainte du "Secours" des Jeunes, alors que le commissaire Roland affirmait le contraire. C'est classique : il arrive souvent à un flic de prêcher le faux pour savoir le vrai...

  Retour en haut_de_page        Quand_les_"professionnels"_jouent_aux_flics

 


 Quand les "professionnels" jouent au flics

Pendant ce temps, plutôt que de faire en sorte que Fiona oublie ses problèmes, elle est en butte à différentes questions (j'expliquerai plus loin comment on a été mis au courant), concernant non pas son état général, mais l'affaire. Bref, le Protectionnel joue au magistrat instructeur.

Premier exemple : ils ont été mis au courant du fait que Fiona a subi une puberté précoce, c'est d'ailleurs cette puberté précoce qui est la preuve la plus matérielle de mon innocence. Madame Cécile DUCHEMIN, "pissicologue", demande à Fiona si cette ouverté précoce ne serait pas due à des "stimuli fréquents" (sous-entendu exercés par moi, bien entendu). Prétextant une laryngite, Fiona se rend immédiatement chez le médecin et lui demande comment il se fait qu'elle est été nubile si rapidement. Le bon médecin lui demande ses origines et explique que c'est purement génétique (du côté maternel). Fiona empoigne le brave carabin par l'aileron et le met en présence de la DUCHEMIN : "Répétez ce que vous venez de me dire", demande-t-elle. Ces harcèlements, émanant aussi bien des éducateurs que des "psychologues", commencent à miner Fiona. Des fois, ils essayent de la faire avouer que je suis un monstre, des fois ils disent que c'est une mythomane, qu'elle a tout inventé. Bref, soit je suis un père incestueux et pédophile, soit Fiona est complètement à la masse. Leur principal travail consistera d'ailleurs, à la déstabiliser, croyant avoir les mains libres: plus de mère pour exercer non pas des pressions, mais au contraire une influence positive sur le moral de Fiona; plus de soeur, sauf à l'école, où elles ne se séparent jamais. On l'ignore, on la gronde pour un rien, on lui rend l'atmosphère pénible. Alors, Fiona commet sa première erreur : elle se bourre de comprimés, simulant une tentative de suicide, ensuite, elle élabore un plan plus compliqué, censé m'innocenter tout en ayant l'air de m'enfoncer. Elle y réussira. Partiellement. Car après cela, elle ouvrira la porte à l'hypothèse la plus horrible pour elle : Fiona est folle. Nous aurons l'occasion de revenir sur cette Cécile Duchemin, qui est à la psychologie ce que Plâtrier est à la magistrature : la honte de sa profession.

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 La deuxième audition de Fiona (4 octobre)

 

Le 4 octobre 2002, Fiona, sur les objurgation de Martine Lino, est entendue une deuxième fois par le commissaire Roland, en présence de Lino, et là, sa version change du tout au tout. Pour faire bref (j'ai en ce moment copie de son audition sous les yeux, et ça me fait mal) :

C'est alors que Fiona remet un petit mot au Commissaire Roland disant que tout ce qu'elle venait de dire étaient des mensonges, et elle met directement en cause les personnes qui l'ont poussée à dire ces affreuses choses : le SAJ et l'Auberge des Marches. Le commissaire Roland lui fait savoir que ce papier ne vaut rien : elle a bien fait une déposition accusant son père de maltraitance, d'inceste et de proxénétisme. Cela était dit. Cela était tapé. C'était ça qui comptait. "Dans ces conditions, répond Fiona, je refuse de la signer, votre déposition".

La question est : pourquoi avoir fait une telle déclaration? Dans l'intention de me nuire? certainement pas !  En feignant d'avoir cédé aux pressions de l'Auberge des Marches (nous reviendrons d'ailleurs sur la manière subtile dont ces pressions s'exercent, et qui vont empirer avec le temps...) Fiona croyait avoir fait coup double : les flics, dont elle met pourtant l'intelligence en doute, ne croiront pas un mot de cette histoire, et on lui foutra la paix aux Marches. Elle avait tort, du moins sur le dernier point...

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 Perquisition (7 octobre)

Vers 9.00h du matin, on sonne à ma porte. Une bande de flics en civils. Je commence par prévenir mon épouse, car je me doutais bien que ces pandores n'étaient pas là pour venir boire une bière entre copains.

Je les fais entrer, ils me lisent un papelard et se mettent à fouiller partout. Un qui n'est pas content, c'est mon chien. Une très gentille bête qui ne ferait pas de mal à une mouche, mais qui fait partie de la race des Groenendael (bergers belges à poils noir, 66cm au garrot et une bonne trentaine de kilos). L'animal n'émet aucun grognement hostile, mais passe d'un flic à l'autre, comme s'il voulait les surveiller. Chaque fois que l'un d'eux ouvrait un tiroir, il met la gueule dedans, ce qui était plutôt gênant, ladite gueule étant garnie de dents plus longues que celle d'un berger allemand. "Retenez votre chien", "Retenez votre chien". J'enferme mon chien dans le garage. Impossible d'aller plus loin, vers le jardin : deux flics me surveillent de près, craignant sans doute que j'allais prendre la fuite. Ce qui devais arriver arriva : l'un des poulets ouvre la porte du garage. Mon chien bondit comme un puma et se retrouve à nouveau en train d'embêter ces honnêtes fonctionnaires qui font leur boulot. "Retenez votre chien, retenez votre chien ! " Je veux bien, moi, mais les deux poulets  me bloquent toujours dans la cuisine. Il aurait suffi d'un "Enfoiré !" dit d'une manière sèche, et mon brave toutou se serait retrouvé à mes pieds. Mais allez crier "Enfoiré!" dans une maison emplie de flics. Avec ou sans "s" à la fin, cela se prononce de la même manière. Je sais très bien qu'en l'occurence, tant qu'ils ne lèvent pas la main sur une des personnes de la maison, le croupion des poulets ne court aucun danger et l'"Enfoiré" finira par se lasser. De fait, le chien s'éloigne. "Il a peur", juge un des policiers. Laissons-lui ses illusions. Je vois mon loup se coucher contre une des portes-fenêtres du living. Il ne quitte pas les policiers des yeux. Son regard n'est pas apeuré, mais attentif.

 

 

 

Première engueulade : lors du début des évènements du 19 septembre, je commençais un grand nettoyage, les deuils successifs, les démarches, le métier de garde-malade chez mon beau-père et tout le reste nous avait complètement fait négliger l'entretien de la maison. Elle était dans un désordre indescriptible. "Comment est-ce possible de laissez vivre deux jeunes filles dans un taudis pareil !" Je répond calmement : "La question n'est pas là. La question est : ai-je brutalisé, violé, l'une d'elle ?" L'un des policiers me prie de parler sur un autre ton. Quel ton ? Je n'ai pas élevé la voix. Ils trouvent des brouillons de lettres aux avocats, à Fiona, et les confisquent. Ils s'approprient mes ordinateurs (mon portable et son serveur), ainsi que celui des filles, où il n'y a que des cours d'école et des encyclopédies. Ils me laissent les imprimantes (dont une peut faire office de fax) et le modem ASDL. Ils s'approprient également des cassettes-rush du film auquel j'étais en train de collaborer en tant que scénariste, Fiona ayant prétendu dans sa "fausse" déclaration que nos "ébats" avaient été filmés.

Toutefois, ils remarquent plusieurs choses : j'habite un lotissement, pas une maison isolée. L'isolation phonique est loin d'être idéale. La salle de bain ne correspond pas aux descriptions de Fiona. Bref, qu'il était difficile d'imaginer que ce taudis ait pu servir de lieu de partouze où, je l'appris plus tard, on essayait d'impliquer un homme politique qui portait exactement le même nom de famille que le mien (le vrai) et qu'il faisait effectivement partie d'une branche éloignée de la famille de mon père. Malgré mon opposition, ils obligent Carmen à rentrer de son travail. Comme ma femme est loin d'être commode, ils adoptent un ton nettement plus mesuré. Carmen explique calmement notre situation depuis le 24 janvier 2001, expliquant le désordre de la maison. Les flics saisissent également quelques films non encore développés en disant que "s'il n'y avait rien de répréhensible dessus, ça nous ferait des développements gratuits". Ils remarquent également que j'avais commencé par publier mon affaire sur Internet par l'intermédiaire d'un forum. Lorsque le commissaire Roland me fait remarquer que ce n'est pas très confidentiel, je lui réplique assez sèchement que MOI, je n'avais rien à cacher et que vu les circonstances, plus les gens sont au courant, mieux ça vaut, car étant donné que RIEN ne me prédestinait à une telle humiliation, ça pourrait arriver à n'importe qui. Je lui dis également qu'étant innocent, je ne ferais RIEN qui puisse entraver son enquête et dans la mesure du possible, que j'étais prêt à apporter ma collaboration. Vers 14.00, la perquisition prend fin, me laissant sans aucun moyen de continuer à travailler : je pensais me reconvertir progressivement dans le scénario, et les ordinateurs (les e-mails notamment) m'étaient indispensable pour envoyer plusieurs centaines de pages à mon producteur.

Ce qui est pénible dans cette affaire, c'est cette sensation de viol qu'on ressent, particulièrement lorsqu'on a rien a se reprocher. Ils ont été jusqu'à fouiller la salle de bain et touiller dans la boîte de talc qui s'y trouvait, croyant trouver de la cocaïne, ou de l'héroïne (ça fait bien dans les partouzes). Toutefois, mise à part l'engueulade, je dois avouer que cette perquisition se fit de la manière la moins humiliante possible et qu'il me semblait avoir en face de moi des gens qui faisaient leur boulot avec calme, sans passion. Avant de partir, ils me font voir un document montrant que, selon eux, la perquisition s'est déroulée dans de "bonnes conditions", "sans incidents". Ils partent, non sans que le flic qui m'avait enguirlandé au départ me confie que d' "habitude, ça se déroule beaucoup plus mal".

Retour en haut_de_page         Khaled_démasqué

 


Khaled démasqué

Cette perquisition eut une autre conséquence positive. J'étais moi-même resté en contact avec Khaled, afin de le sonder. Au début, il déclarait ne pas être au courant de ce qui arrivait à Fiona. Cela me semblait bizarre vu que Fiona avait couché chez lui le lendemain de son enlèvement. Nous lui demandons pourquoi il avait proféré de telles accusations. Il dément catégoriquement avoir quelque chose avec cette affaire (un aplomb monstre, le bougre !) Nous lui demandons si quelqu'un ne se serait pas par hasard, fait passer pour lui par jalousie. Il répond qu'à sa connaissance, cela l'étonnerait. Mais ce qui nous donna la certitude que c'était bien lui le coupable, c'est qu'il affirmait être convoqué à la PJ par l'Inspecteur Principal Leroi, le 7 octobre vers les 11.00h. Or, le 7 octobre à 1.00h, Leroi était chez moi, en train de perquisitionner. Lorsque Carmen demanda à Khaled par SMS comment son audition s'était passée, il répondit, par la même voie, "Très bien!". Le mensonge était flagrant. Khaled lui-même était bien coupable. Très récemment, Fiona nous a même raconté que lors de sa seconde audition (celle qui m' "enfonçait"), le même Leroi lui  a demandé le numéro de GSM de Khaled. Fiona le lui a donné, et Leroi lui a téléphoné, en présence de Fiona, le tutoyant comme un vieil ami : "Tu n'as pas besoin de venir. Nous avons ce qu'il nous faut". Dès lors, plus aucun doute ne pouvait subsister : ce Khaled était une petite frappe qui  souhaitait enlever Fiona, soit c'était une donneuse et Leroi son contact (une bonne dénonciation, et son séjour en Belgique est prolongé).. Dans les deux cas, et toute question d'ethnie, de religion et de culture mise à part, une pâle crapule. Un prédateur qui s'est servi de la naïveté de Fiona et des hasards (hématomes répétés à la face) pour faire son sale boulot. l'heure d'expier approche. J'ai personnellement d'autres soupçons, infiniment plus graves, sur ce type, étant donné les milieux qu'il fréquente: pas d'intégration, ses copains sont tous Arabes (maghrébins, Egyptiens...). Ma femme a voulu un soir le reconduire Outre-Meuse, où il a sa piaule, mais il a insisté pour être déposé place Saint-Lambert. Et qu'y a-t-il, Place Saint-Lambert ? Le palais de Justice, et faisant partie des murs du palais de justice... la PJ... Toute la PJ, y compris les groupes d'enquêtes portant sur la haute délinquance... et les milieux islamistes... En tout cas, on aime beaucoup Khaled à la PJ. Pas qu'à la PJ, d'ailleurs...

Retour en haut_de_page      Khaled, la coqueluche de l'Auberge des "Marches

 


 

 Khaled, la coqueluche de l'Auberge des Marches

Nous avons appris récemment que notre cher ami Khaled aurait eu une longue conversation avec Alain Bouvier, le fameux "professionnel" sous-directeur de l'"Auberge des Marches". Ma femme et moi ignorons ce qui s'y est dit, mais le résultat fut simple : alors que la mère, la sœur, et le père ne pouvaient voir leur fille, on encourageait les rapports de Fiona avec son délateur, dont les raisons étaient rien moins que pures (voir plus haut ). Alors que Maureen avait toutes les peines du monde à atteindre Fiona par téléphone, on appelait Fiona chaque fois que son soupirant était au bout du fil. Devant l'insistance des éducateurs, Fiona finissait par prendre le combiné... pour lui raccrocher au nez. Elle avait fini par admettre l'inadmissible... Rappelons que ce pâle individu fait à présent objet de notre part d'une plainte pour diffamation et calomnie... D'autre renseignements nous sont parvenus sur des activités supposées de Khaled impliquant au moins une mineure, en France, notamment... Ces renseignements méritent d'être vérifiés : à la différence du SAJ, nous y regardons à deux fois avant de confirmer l'exactitude des renseignements qui nous parviennent...

  Retour en haut_de_page    Fiona agressée

 


Fiona agressée (17 octobre)

Pour les non-Belges, et les non-Liégeois, il existe une place sur le côté la cathédrale qui s'appelle place Saint-Paul. Il y a là un grand parking qui, lorsqu'on le traverse de part en part (il a deux entrées) amène directement dans la rue où se trouve l'école que fréquentaient Maureen et Fiona. Beaucoup d'étudiants se servent de se raccourci pour, soit se rendre en ville, soit prendre le bus à la place Cathédrale proprement dite (beaucoup plus grande, face à l'église, et constituant un arrêt de bus important). Comme beaucoup de ses camarades, Fiona prend ce raccourci. Le bus qui la conduit vers son "Auberge" la prend en charge place Cathédrale. Ce jour-là, elle traverse seule, le fameux parking et voici ce qui lui arriva (extrait du mémo de Fiona):

"Un cinglé m'attrape au Parking Saint-Paul et me taillade la jambe gauche avec son "cutter". Plein de monde passe devant moi mais personne ne semble s'apercevoir de mes blessures. Puis une femme vient vers moi, me regarde de haut en bas, puis s'enfuit en courant. Moi je n'avais pas mal jusqu'au moment où j'ai senti le sang couler le long de ma jambe. Quand j'ai regardé, je ne voyais qu'une grande tache rouge allant du haut de ma cuisse jusqu'au-dessous de mon genou. Je n'en pouvais plus. Chaque personne qui me voyait prenait ses jambes à son cou.

Une voiture est passée devant moi en ralentissant. J'ai descendu la rampe pour me retrouver au niveau de la place Saint-Paul  [NDA : la rue où se trouve l'école n'est pas au même niveau que la place. Il y a donc une légère déclivité]. Là, je m'adosse à un poteau et j'essaye de réfléchir, mais il n'y a pas moyen. L'homme qui était de l'autre côté du poteau me dit :"Ca va, Madame? Qu'est-ce que vous avez ? Ca ne va pas ?" Là, je me tourne vers lui en cachant ma jambe et je lui dis que tout va bien. Là-dessus arrive un deuxième , il s'approche et crie au premier : "Un médecin, vite!" Le premier s'en va en courant et le deuxième m'amène jusqu'à un banc où on me dit d'attendre et que lui restait avec moi, que je ne risquais plus rien. Je m'allume une cigarette que le laisse fumer sans penser. Au bout d'un moment un homme et une femme viennent vers moi. L'homme me demande de jeter ma cigarette et la femme reste là à me regarder. Ils me demandent sans cesse mon nom et mon âge mais je ne réponds pas. Ils m'amènent dans l'ambulance et on arrive à l'hôpital Saint J... (NDA : le pire endroit où on puisse la conduire : c'est dans cet hôpital quelle a vu le cadavre de ma mère). Un psy arrive et me pose plein de questions, je ne réponds pas. Des flics arrivent, je leur explique, ils ne me croient pas(!) Des médecins légistes arrivent, constatent les blessures : deux à la jambe, une à chaque bras.

Cela faisait six heures que j'étais à l'hôpital et enfin on consent à me soigner (NDA : connaissant l'hosto, ça ne m'étonne guère). Je demande à l'infirmière qui me désinfecte quand Monsieur Bouvier viendrait me chercher. Elle me répond qu'en définitive, il ne viendrait plus et  que je devais passer la nuit à l'hôpital. L'hôpital, c'est pas mon truc, alors j'ai pris mon sac après avoir remis mon pantalon tout déchiré et je me suis enfuie. Je suis retournée aux Marches. Là, on m'engueule parce que je n'avais pas respecté les consignes, mais quand l'éducatrice a vu mon pantalon et mes manches pleines de sang, elle a accepté que je prenne une douche.

Deux jours après, la psy des Marches, Cécile Duchemin, me pose plein de questions sur cette histoire et elle a conclu l'entretien en me disant que plusieurs personnes pensaient que je m'étais fait ça toute seule. Je lui ai alors demandé "qui?" et elle a répondu: "je ne peux pas te le dire, mais ce ne sont pas les éducateurs d'ici." J'ai tout de suite compris qu'elle était dans le lot et que les éducateurs aussi. Elle mentait, j'en étais sûre, et je le suis toujours....

Retour en haut_de_page        Agression ou auto-mutilation?


 

Agression ou auto-mutilation?

En fait, la théorie de la police, et celle de la PJ concernant cette affaire est bien celle de ce qu'ils appellent de l'auto-mutilation. Cette thèse m'a été confirmée par la suite par le commissaire Roland : lorsqu'on vous attaque, dit-il, vous esquissez des gestes de défenses (ce que Fiona n'aurait pas fait) et les blessures ne sont pas aussi régulières. Quand j'ai fait allusion aux blessures aux deux bras, il a eu l'air de s'énerver, et ce n'était pas le moment.

Il est vrai que lorsqu'on se sent agressé, on peut esquisser des gestes de défense. Quand quelqu'un lève une matraque sur vous, vous le remarquez, mais dans le cas d'un instrument au tranchant acéré (cutter ou rasoir de coiffeur), ce n'est pas la même chose. Ils n'ont pas besoin d'élan pour faire du dégat et peuvent ainsi blesser sans que la victime ou son entourage ne s'en rende compte :  mon grand-père m'a raconté l'histoire de ce Sturmbahnführer SS égorgé en pleine gare d'Anvers, en plein midi, par un résistant armé d'un rasoir. Le résistant s'est contenté de croiser l'Allemand. Le rasoir a jailli en un éclair et tranché la gorge du SS qui n'a eu d'autre réaction que de s'arrêter sur place. Le résistant s'est éloigné tranquillement, comme si rien ne s'était passé. Il paraîtrait que le sang n'a même pas jailli tout de suite : la plaie était trop fine, puis, la pression règnant dans la carotide tranchée a transformé l'honnête bourreau teuton en fontaine de résiné. Il n'a pas survécu. Feu mon grand-père connaissait bien l' "assassin" : un coiffeur anversois, et le fait-divers a été consigné dans les journaux collaborationnistes de l'époque. Tout cela indique que la théorie de l'auto-mutilation n'est plausible que si l'on n'y regarde pas de trop près. Un autre directeur de centre de premier accueil, plus critique, semble partager mes doutes : selon lui, il n'a jamais rencontré de personne (fille ou garçon) qui s'automutilaient à travers leurs vêtements. De plus se blesser un bras, prendre le cutter sans l'autre main, celle au bout du bras blessé, pour âbimer l'autre... ça non plus, il ne l'avait jamais vu.

Toutefois, en dépit de toutes ses anomalies, pour l'instruction comme pour le protectionnel, il ne s'agissait pas d'agression, mais bien mutilation. On ne fera donc pas d'enquêtes policière. Mieux, si Fiona ne s'était pas enfuie de l'hôpital, celui-ci aurait, sous la pression de l'Auberge des Marches décidé de la garder quelques jours, puis de l'envoyer en un "endroit où elle ne causerait des dommages ni à elle-même, ni aux autres" (le rapport est dans mon dossier) . Bref, psychologues, ou supposés tels (j'ai déjà pu juger la manière dont cet hôpital traite ses patients : ma mère y est morte suite à une décision malheureuse des chirurgiens, alors les psy...), ont interprété le mutisme de Fiona non comme des signes d'un esprit en état de choc, ce qui est logique, mais comme un signe de problème psychiâtrique. Nous savons aussi que l' "Auberge des Marches" s'est mis en rapport avec l'hôpital, qu'ils ont prétendu que Fiona avait fait une tentative de suicide : (je répète que les cachets qu'elle a avalés, préparation pharmaceutique, n'avaient qu'un danger très relatif). Dès lors, ils ont pesé de leur influence pour que l'on conclue à de l'auto-mutilation. Moralité : chez la police, rien de changé depuis Dutroux : on a pas envie de se casser la tête, on bâcle, on bâcle... Et ce n'est pas moi qui en suis la victime, c'est le gosse... comme en 1996. Car ce rapport d'hôpital aura des conséquences terribles - le mot n'est pas trop fort. Si Fiona avait eu une avocate digne de ce nom, elle serait allée plus loin, n'aurait pas pris pour paroles d'évangile les explication des "Marches" et de Saint-J... et aurait demandé une enquête complémentaire, mais il se trouve que l'avocate de Fiona n'était pas son défenseur : c'était un ennemi de plus...

Retour en haut_de_page    Carmen, bête noire des Marches

 


Carmen, la terreur des "Marches"(18 octobre)

 Le lendemain de cette étrange affaire, Alain Bouvier  convoque Carmen pour parler de la situation de Fiona. Voici un résumé assez longuet, mais le plus exact possible, de ce qui a été dit lors de cette conversation.

En conclusion, que penser ? c'est ce même Bouvier qui se dit "professionnel", psychologue et tout et tout et que constate-t-on? Qu'il confond introversion et soumission, qu'il se contredit à plusieurs reprises (médecins) devient incohérent, (éducateurs...), qu'il se laisse rouler dans la farine par une bonne femme qui, elle, ne se dit ni psychologue, ni éducatrice : une mère parmi tant d'autres. Et c'est un personnage de cet acabit qui hante les homes pour enfants battus, délinquants et difficiles ! Rien de changé depuis Dutroux : la Belgique n'est pas, n'a jamais été, un pays pour les gosses.

 Retour en haut_de_page       Une visiteuse inattendue

 


Une visiteuse inattendue (27 octobre)

 La famille de Carmen compte parmi ses membres une jeune femme extrêment brillante. Enfant surdouée, elle fit de brillantes études économiques avant de se retrouver Conseillère économique dans un Ministère du Gouvernement fédéral, et très proche du ministre en question. Enfant, elle a beaucoup aimé Carmen et quand celle-ci se trouva un fiancé (moi en l'occurence), ledit fiancé se dit, en voyant la cousine de sa promise, à peine âgée de 13 ans à l'époque, qu'il aurait bien aimé avoir une petite sœur comme ça : vive, intelligente, et surtout, d'une remarquable gentillesse (ce qui constitue un gros défaut de nos jours). Inutile de vous dire qu'actuellement, la Conseillère économique ne croit pas un mot de cette histoire d'inceste (son père est le parrain de Maureen et elle a eu de nombreux contacts avec les jumelles depuis leur naissance), nous nous connaissons depuis plus de vingt ans et c'est moi qui ai mis en page son mémoire de fin d'étude !

Je ne lui donnerai pas son vrai nom et l'appellerai Aurélie, et ce pour plusieurs raisons : la principale étant que je ne lui en ai pas demandé la permission. D'autre part, elle figure parmi mes alliées les plus puissantes,... à condition de ne pas l'embarrasser en la mettant sur le devant de la scène et enfin, parce que je vais être obligé de dévoiler quelques détails de sa vie privée, détails malheureux, mais qui sont indispensables pour comprendre ce qui va suivre.

"Aurélie", donc, téléphone à l'Auberge des Marches et se présente comme ce qu'elle est : une cousine de Fiona du côté maternel. A l'autre bout du fil, un éducateur "surdoué" lui répond qu'il ignorait son existence jusqu'à ce jour. Non sans ironie, Aurélie réplique qu'il est difficile à tout un chacun de connaître individuellement les quelques 10 millions d'habitants que compte la Belgique, mais qu'en tant que membre de sa famille, elle désirerait rendre visite à Fiona. "C'est interdit," lui répond-on. "A la mère, et père et à la soeur, je sais," rétorque la jeune femme, "mais aucune interdiction ne frappe les autres membres de sa famille". Là, un blanc embarrassé. Aurélie insiste, se présente de manière plus précise, et c'est sans doute cette présentation qui emporta la décision: Aurélie est autorisée à voir Fiona.

C'est dans un véhicule officiel qu'Aurélie fait son entrée, non pour jouer la bégueule, mais pour intimider les "professionnels" de ce bouge . De fait, on la traite avec infiniment plus de respect que Carmen et elle peut deviser avec Fiona. Avec épouvante, elle se rend compte que l'attitude de celle-ci n'est pas du tout celle d'un enfant maltraité, mais d'une femme battue. Fiona finit par admettre qu'en effet, Khaled la battait," parfois", lui reprochait de fumer, manifestait sa mauvaise humeur de manière brutale. En fait, le premier mari d'Aurélie était également brutal et avait la main légère (d'ou son anonymat sur ce site). Je suis presque quinquagénaire, et je puis vous assurer d'une chose : jamais je n'ai levé la main sur une femme, je n'ai donc jamais compris comment une fille d'une intelligence si brillante ait pu supporter un tel traitement. En fait, dans son cas, c'était un processus très insidieux, très progressif, et il lui a fallu des mois pour se rendre compte que cette situation était inadmissible (preuve de son intelligence : la plupart mettent des années, et beaucoup ne pigent toujours pas.)

Une fois sortie des "Marches", Aurélie se précipite vers le Commissariat du village où elle habite pour voir ce qu'il convenait de faire. Le policier de faction l'aiguille sur l'officier de police en charge de l'instruction, à savoir Roland.

Aurélie ne perd pas de temps et demande un entretien avec le commissaire de la PJ, où elle fait une déposition accusant clairement Khaled de brutalité envers notre fille, brutalité qu'il a sans doute essayé de me mettre sur le dos... Nous verrons plus loin comment on traitera son témoignage.

 

Retour en haut_de_page     Changement d'avocat


Changement d'avocat (5 novembre)

Un cousin de mon épouse, journaliste de son état, entend parler de cette affaire et du peu de soutien que Fiona peut espérer de son avocate désignée d'office. Nous étions à l'époque fort ignorants des magouilles et embrouillaminis qui tiennent lieu de justice dans ce pays et à Liège en particulier. Cet avocat, dit le cousin, est particulièrement sensible aux cas de maltraitance, réelle ou supposée. Il lui arrive même de travailler gratuitement pour des cas qui lui semblent particulièrement douloureux dans le chef des enfants.

Mon épouse consulte cet avocat, lui montre les pièces qu'elle a en sa possession. L'avocat, à la vue de ce dossier n'a pas d'hésitation. Cette affaire l'intéresse au plus haut point. Déçue de l'immobilisme de notre ancien avocat Carmen lui demande s'il veut bien reprendre le dossier à son compte.L'avocat accepte sans hésitation. En quelque coups de fil, il fait plus avancer l'affaire que son jeune confrère en un moi et demi. Toutefois, au fur et à mesure qu'il s'occupera de cette affaire, les réticences, les ignominies (ce sont ses termes) apparaîtront au grand jour. Sa conclusion est la suivante : "En dix-huit ans de carrière, je n'ai jamais vu ça".

  Retour en haut_de_page    Fiona nous rend visite

 


Fiona nous rend visite (10 novembre 2002)

En dépit du fait qu’elle n’est pas placée pour fait de délinquance, Fiona obtient rarement, sinon jamais, la permission de sortir le week-end. Elle décide de passer outre à cette mesure injuste. Elle dit qu’elle sort pour acheter des cigarettes, mais laisse un mot dont le contenu vaut son pesant d’or : « J’ai fait une grosse bêtise et je suis prête à en assumer les conséquences. Je serai rentrée vers 18.00h. »

Vers 12.30, elle arrive chez nous, toute heureuse de revoir sa sœur, sa mère, et son père indigne qu’elle n’a plus vu depuis plus d’un mois. Tous ses amis du quartier rappliquent, la fêtent, lui remontent le moral. Pour moi, le risque est nul, il est vrai qu'il m'est interdit d'aller visiter Fiona, mais personne n'a interdit Fiona de venir nous dire bonjour ! On n'allait tout de même pas la foutre à la porte !

C'est lors de ces visites ( et de visites suivantes), que Fiona nous raconte son quotidien aux "Marches", les tracasseries, les pressions qu'elle y subit (qui l'ont poussée à la ruse malheureuse que l'on sait), toute une série de petites vexations, qui, mises ensembles, mineraient une personnalité plus forte que celle d'une jeune fille de seize ans. Outre les faits cités plus haut, nous en apprenons plus sur le "traitement spécial" réservé à Fiona :

 

 

 

Nous apprenons à Fiona que nous avons changé d’avocat et nous lui montrons votre correspondance. Elle s’attriste. « Lui aussi me traite de menteuse » dit-elle. Nous lui expliquons que cet avocat, nous lui faisions confiance, mais qu’il vient de prendre l’affaire en main et sans perdre de temps, agit en urgence. De plus, le fait que cette histoire d’inceste n’a pas été racontée par elle est extrêmement difficile à prouver. Fiona réfléchit un moment, arrache une double feuille d’un cahier format rapport, monte dans sa chambre et décide d' écrire, avec ses mots, à notre avocat. Nous verrons plus avant ce qu'en pensera l'expert Plâtrier, et ce qu'en penseront d'autres personnes plus honnêtes, mais qui ignoraient que Fiona avait des dons littéraires précoces, à l'instar de son vieux père (rappelons qu'elle a obtenu un prix littéraire, pas le Goncourt, certes, mais tout de même...)

Elle nous apprend des fait beaucoup plus inquiétants de ce qui peut se passer dans cette auberge quatre étoiles et qui, si elle ne la concerne pas directement, en disent long sur le "professionnalisme" de certains éducateurs. Ainsi, divers parents auraient portés plainte, notamment contre le dénommé André (le barbu qui avait accueilli Carmen si grossièrement) et deux autre compère, prénommés Marcel et Jacques :

A notre connaisance, ces plaintes n'ont pas été suivies d'effets

 Heureusement, les filles auraient, jusqu'à présent, échappé à ce traitement de choc.

 Vers les 3.30, un combi de police s’arrête devant chez nous. Un policier en descend et fait savoir qu’une de nos filles est en fugue ! « Ce n’est pas possible, dit-on, Maureen est avec son petit ami et Fiona est placée » Justement, c’est celle qui est placée. L’avez-vous vue ? Nous mentons et répondons « non » : notre version serait transmise aux Marches et nous n’avons nullement l’intention de jouer franc-jeu avec ces menteurs. Nous invitons même l’agent à rentrer mais il s’y refuse. Il nous donne un numéro de téléphone gratuit à appeler si elle nous contacte, puis s’en va. Fiona a peur d’être emmenée par la police, mais je la rassure en lui disant que dans cette affaire, les seuls qui m’aient traité de manière à peu près correcte, C'’était la police. Nous attendons une demi-heure et nous appelons le numéro gratuit. Le même combi apparaît une bonne demi-heure après. C’est le même policier. Nous l’invitons à entrer et préparons notre fausse version (destinée aux Marches): Fiona a voulu faire un tour à Liège pour y rencontrer des amis et fêter l’anniversaire de l’un d’eux, puis elle s’est décidée à aller voir ses parents, son père surtout, pour lui assurer qu’à aucun moment elle avait voulu lui faire du mal.. Je demande à l’agent de la traiter avec douceur. La vie aux Marches n’est pas très gaie pour elle et elle est soumises à des pressions constante. Fiona lui confirme qu’elle n’avait pas l’intention de fuguer, mais simplement de se passer de la permission de sortie qu’on ne lui accorde pratiquement jamais.

Je demande à ce qu’un policier l’accompagne jusqu’à l’intérieur des Marches, qui, de toute évidence, n’est pas le centre semi-ouvert paradisiaque qu’il voudrait faire croire. L'agent accepte volontiers. Nous avons appris que procès-verbal avait été dressé sur cette affaire et que les autorité des Marches ont fait des pieds et des mains pour obtenir des flics une attestation de fugue. La police a refusé, arguant du fait que Fiona avait clairement manifesté son intention de rentrer au home et avait même précisé l'heure de la rentrée. Ils ont pas été contents, les "professionnels", et nous avons appris que même s'ils ne sont pas exempts de défauts, il existe malgré tout des policiers honnêtes.

 

Retour en haut_de_page    L'audience du 13.11.2002


L'audience officielle au Tribunal de la Jeunesse (13/14 novembre 2002)

 C'est la première fois que je vois ce cher Plâtrier revêtu de sa salopette de travail (pardon, sa "toge"). Avec sa coiffure en choucroute, il m'a l'air plus ridicule encore, ce vénérable habit ne faisant qu'accentuer son air de condescendance imbécile. Etaient présent, le couple vedette des "Marches" (Bouvier et Lino) flanquée d'une Fiona arborant... le plus horrible cocard qui m'ait été donné de voir! La pommette est d'un bleu roi et l'oeil est du beurre le plus noir! L'avocate fantoche de Fiona et le nôtre, qui, lui est loin d'être une marionette...

Lors de sa plaidoirie, notre avocat rejette toute accusation de "non-collaboration" des parents et rappelle, lui, que la première chose à faire, pour éviter une victimisation secondaire de la mineure, c'est de la garder dans son milieu familial tout en éloignant la personne suspecte de maltraitance, moi, en l'occurence, que ledit suspect a lui-même, à plusieurs reprises, voulu lancer cette proposition, et qu'il en a été visiblement empêché. J'abonde dans son sens en lui rappelant à Plâtrier notre dernière rencontre, et le sens réel de ma question. Le digne magistrat m'accorde un coup d'oeil distrait et, pendant toute la plaidoirie de notre défenseur, regarde avec attention par la fenêtre, échangeant même des commentaires avec la substitut du Procureur du Roi sur la circulation et les travaux du Boulevard de la Sauvenière. En d'autres termes : "cause toujours, tu m'intéresses..." Bizarre comme les gens investis d'un pouvoir, si limité fût-il, se permettent une grossièreté qui ne viendrait jamais à l'idée d'un ouvrier d'usine.

Suivent les conclusions de l'avocate débutante, qui rejette l'idée d'un retour de Fiona en milieu familial et demande une prolongation du placement de Fiona aux "Marches". La substitut surenchérit en disant que Fiona était une jeune fille "en souffrance" (à cause de qui, tas d'idiots, si ce n'est à cause de vous qui l'avez arrachée brusquement, sans raison, à sa famille?) et arrive à la même conclusion. De toute façon, je me rends bien compte que la décision du "magistrat" était déjà prise avant même qu'on ouvre la séance. A l'appui de son argumentation, notre avocat remet à Plâtrier la missive que Fiona nous avait demandé de transmettre (sans l'ouvrir). Le juge considère cette lettre comme un ramassis d'éléments décousus. Toutefois, il demande à Fiona de s'exprimer en public. Celle-ci ne dit rien. Plâtrier demande alors à tout le monde de sortir et désire interroger Fiona seule, à la demande de celle-ci? Fiona a l'air aussi interloquée que tout le monde, mais nous sommes obligés de nous éclipser. On parle de l'escapade de Fiona, et Bouvier nous exhorte que, si une cas analogue se présente, de prévenir immédiatement l'Auberge. Nous répondons que nous ferons comme la dernière fois : nous appellerons la police, composée d'agents assermentés qui dresseront procès-verbal. C'est alors que Bouvier proclame : "nous sommes des professionnels". En d'autres termes :"Vous autres parents, qui élevez votre gosse depuis seize ans, vous ne les connaissez pas ; nous, en une semaine, on connaît tout d'elle". En d'autre termes, pour les "Marches", le mot "collaboration" signifie "se plier, se soumettre à toutes les décisions de ces caricatures d'éducateurs sans élever la moindre protestation". Or s'il est un terme que nous révérons, c'est la "loyauté". S'il est un terme que nous abbhorons, c'est "soumission". On a appris à nos filles le respect des autres, la courtoisie et la loyauté, mais à ne jamais courber l'échine, à ne jamais se soumettre, comme il sied dans un pays dit "démocratique". Carmen finit par demander à Bouvier l'origine du coup que Fiona portait à la face et à l'oeil. La réponse se trouve dans Tintin : "no sé"! Des professionnels, vraiment ! Après ce que vous avez pu lire plus haut, cela n'a rien d'étonnant. Nous finirons par connaître l'origine du traumatisme : encore une syncope, et qui, cette fois, a failli avoir des conséquences dramatiques: la perte d'un œil ! Fiona était à table, elle a glissé de sa chaise et sa figure a violemment heurté le coin de la table. Croyant à une "simulation" aucun "professionnel" présent lors de l'évènement n'a levé le petit doigt pour empêcher sa chute...

Pour finir, Plâtrier nous appelle pour nous dire que la situation est assez complexe pour qu'il remette son prononcé au lendemain, que soit l'un de nous pouvions être présents, soit déléguer notre avocat pour qu'il puisse prendre les mesures qui s'imposent. On se demande pourquoi il a attendu le lendemain: vu son attitude, son siège était fait depuis longtemps. De fait, le lendemain, le prononcé du jugement est considéré par notre avocat comme une ignominie: Plâtrier confirme la non-collaboration des parents, les pressions et les influences qu'ils exercent sur elle (il est vrai que Fiona n'est pas "malléable", et c'est paradoxalement la seule vraie influence que nous ayons exercé sur elle... depuis le berceau), maintient la contrainte, l'éloignement des parents et tout le toutim, et confie l'exécution de sa décision à un organisme dont nous ne tarderons pas à faire la connaissance: le SPJ (Service de Protection Judiciaire). Notre avocat interjette immédiatement appel, sous l'oeil ironique de Monsieur Choucroute.

 Retour en haut_de_page    En route pour l'enfer!

 


 En route pour l'enfer ( 20-28 novembre 2002)!

Souvent, Fiona se levait très tôt pour quitter son auberge et déjeuner avec nous, partait à l'école de chez nous avec sa mère et sa soeur, s'offrant l'illusion que rien ne s'était passé, que tout était comme avant. Pendant ce temps, la durée légale du séjour de Fiona "aux Marches" s'amenuisait, et ses fidèles référents de chercher un autre endroit pour elle. Alain Bouvier consulta son collègue  et ami de la "Maison Joyeuse", située non loin de chez nous. C'est cet homme, qui, le premier, a émis des doutes quant à l'auto-mutilation de Freya dans le parking Saint-Paul (voir plus haut). Quant à la tentative de suicide présumée; il l'interpréta plus comme un appel "au secours" qu'un véritable attentement à ses jours. Il est prêt à accueillir Fiona, qui serait la seule pensionnaire à suivre des humanités générales, alors que les autres... Bouvier et le directeur de centre étaient plutôt amis. Ils se quittent en plutôt mauvais termes...

 Extrait du mémo de Fiona (20 novembre)

Je suis sur mon lit et plusieurs copines sont dans la chambre. Je sors de la chambre et me dirige vers le salon, mais j'ai oublié mes cigarettes, alors je retourne dans la chambre et les reprends. En ressortant, une des filles me suit et me hurle de lui montrer mes poignets (en effet, deux ou trois jours avant, une de ses copines avait fait une tentative de suicide en se coupant les veines. Je ne comprenais pas et je l'ai envoyée au diable. Je retourne dans la chambre et elle, elle va appeler les éducateurs . Cécile [Duchemin, la psy, NDA] arrive, me dit que je devrais avoir honte de faire acte d'automutilation devant d'autres personnes et je les choquais à tel point qu'elles en arrivaient à faire la même chose (là, elle faisait allusion à la tentative de suicide d'il y a deux ou trois jours). Je commence à crier qu'elle n'avait pas le droit de dire  ça, qu'elle n'avait rien vu, ni elle, ni personne d'autre! Là, elle me lâche les baskets et va calmer la fille qui l'avait appelée et qui était à présent en pleurs, puis elle fait sortir tout le monde de la chambre; tout le monde sauf moi. Alors là, l'engueulade commence :

Cécile gueule: "Tu te rends compte dans quel état tu mets les gens ? Nous, on est là pour t'aider [NDA : NON ! C'est vrai???] et toi tu fous la merde.

Je lui dis : "Allez vous chercher un autre pigeon."

Cécile : " Tu t'es vue ? Tu boîtes, t'as l'épaule en miettes et ton œil c'est encore pire! "(En effet je m'étais déboîté l'épaule deux jours avant et mon œil tout bleu provenait d'une de mes nombreuses chutes)

Moi : "Ça ne vous regarde pas! De toute façon, ici, personne ne m'aide! Tout le monde m'enfonce!"

Cécile : "Mais que veux-tu, à la fin?"

Moi : "Rentrer rentrer chez moi! C'est pourtant simple, non?"

Cécile : "Alors là tu peux toujours attendre! Aucun juge ne te laissera JAMAIS rentrer chez toi."

Là, j'ai piqué une crise monumentale et mes mains ont volé ! [NDA : la "pissicologue" a reçu une claque bien méritée, mais comme elle est vindicative, c'était pas spécialement une bonne idée...] Elle est sortie et j'en ai profité pour prendre ma veste et le GSM et je me suis cassée par la porte de la chambre donnant sur le dehors.

 

Le soir-même, vers 20.00h, nous recevons un coup de fil désespéré de Fiona : "J'ai fait une grosse bêtise! J'ai giflé la psy et je me suis enfuie! Qu'est-ce que je dois faire?" Carmen lui demande où elle est. Réponse: place Saint-Lambert, en plein centre. Nous lui de prendre contact avec les policiers qui l'avaient déjà ramenée à l'auberge lors de son escapade précédente, de demander à être entendue par le commissariat de H... où elle avait abouti, afin qu'il soit dressé procès-verbal de l'incident. Fiona suit nos conseil et rendez-vous est pris devant le palais de Justice. Nous envoyons un fax d'urgence à notre avocat pour qu'il soit au courant de la fuite de Fiona et de l'impact que pourrait avoir cet incident sur notre procédure d'appel. Nous apprenons par la suite que, par chance, Fiona tombe sur le même agent qui l'avait interrogé la fois dernière. Fiona lui raconte toute l'histoire et le policier, hilare, lui fait remarquer que gifler une psychologue n'était pas une très bonne idée. Cette fois-ci, l'agent appelle l'Auberge des Marches pour qu'ils reviennent chercher leur enfant prodigue (si on ose dire). Les éducateurs arrivent et exigent que Fiona demande une copie de sa déclaration. Fiona s'y refuse. Faisant chorus, l'agent de service fait remarquer que la jeune fille ayant plus de seize ans, il lui était impossible de passer outre à sa volonté. Furieux, les "professionnels" prennent livraison de leur colis, bien décidés à le lui faire payer, et cher. Ils ont choisi : le père est à tout prendre, innocent, mais la fille constitue pour eux un être qui ne se laisse pas manipuler, calmants ou pas calmants, quelqu'un qui, visiblement, les dépasse (et de loin!). Or, ils ont pour eux une déclaration des psy de saint-J... (la placer dans un endroit où elle ne constituera un danger ni pour elle-même, ni pour les autres), des actes jugés automutilants alors que je reste persuadé qu'il s'agissait d'une agression en bonne et due forme, et une tentative de suicide avec des comprimés qui lui ont peut-être valu des symptômes de diabète pendant un ou deux jours. Il suffit de trouver un établissement qui ne soit pas trop regardant, un asile où il ne faut pas un protocole de psychiatre pour y interner quelqu'un. Ils connaissent un excellent endroit, loin, loin des parents, en pleine Cambrousse. Le directeur du SPJ, monsieur Ricard, se laisse facilement convaincre

Et c'est ainsi que le 28 novembre à 11.00h, Cécile Duchemin (triomphante, la torgnole qu'elle a reçue sera bien vengée) et Alain Bouvier, emmènent Fiona en voiture pour une destination inconnue : l'Enfer !

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